C'est le bon vieux PRV que l'on retrouve sous le capot, et l'on ne peut s'empêcher de le regretter.  Quand on vise des concurrentes à moteurs V8, cela fait désordre de débarquer avec un V6 ! Mais on fait avec ce que l'on a... Cette fois le PRV est accommodé à la sauce allemande et à la double suralimentation.  Fort de son expérience sur l'Alpine, le préparateur Hartge a retenu deux petits turbos KKK, type K.

  Avantage de leur taille réduite: on peut plus facilement les loger sous le capot, ils présentent moins d'inerfie, réduisent le temps de réponse et permettent des montées en régime plus énergiques.  Soufflant à 0,55 bar et épaulés par des échangeurs thermiques, ils donnent une puissance de 268 ch à 5500 tr/mn, soit un rendement de 90 ch.  Honorable, mais pas exceptionnel.  Chez Renault, on explique que l'on a voulu privilégier le couple, donc le confort de conduite. 

DES PERFORMANCES PLUTOT MODESTES

        La Safrane Biturbo s'affirme comme une routière ultra-rapide, confortable et luxueuse.  Donnée pour 250 km/h, elle s'est contentée de 245 chrono.  Dans la pratique, l'aiguille grimpe franchement jusqu'à 200, puis elle peine à continuer sur sa lancée.  Les accélérations sont moins enthousiasmantes que ce qu'on escomptait.  Pas dans l'absolu, bien sûr, mais en comparaison avec les rivales directes de la Biturbo.  Il faut admettre que le PRV paraît aujourd'hui dépassé par les V8 et autres 6 en ligne, bien plus modernes, de la concurrence.  Certes, sa suralimentation est parfaitement réalisée, la puissance est distillée de façon progressive et la Safrane est très agréable à conduire.  Mais, face à la débauche de technologie déployée par les ingénieurs de Bavière ou de Stuttgart, nous sommes un peu largués.

SUR LA ROUTE : SANS ERREUR ET SANS REPROCNE

     Après la petite déception du chronomètre, l'enthousiasme revient au volant de la Biturbo.  L'alliance entre la transmission intégrale Quadra, la suspension pilotée (sur trois modes) et le correcteur d'assiette est parfaite.  La Safrane Biturbo affiche un comportement routier absolument souverain, quelles que soient les conditions de route.  Elle enroule les grandes courbes avec sérénité et en parfaite sécurité.  Aucune dénivellation, aucune chaussée dégradée ne la fait bouger d'un millimètre et elle reste toujours saine dans ses réactions.  Bref, c'est le plaisir à l'état pur, même si l'assistance de direction - pourtant dégressive semble parfois un peu excessive.  Enfin, son freinage est parfaitement à la hauteur des performances, même sur route dégradée à grande vitesse, chose rare, et l'ABS est très docile.  Le seul point noir c'est le manque de précision de la boite (il n'y a pas de boite auto !), à la commande désagréable.  Mais il est vrai que Mercedes n'est pas en reste de ce côté-là...

      La Safrane Biturbo procure donc du plaisir à son conducteur, mais elle sait aussi soigner ses passagers.  Avec elle, c'est le confort pullman, quelle que soit la route et ses sièges à réglage électrique (même à l'arrière,) y contribuent pour beaucoup.

BACCARA OR NOT BACCARA

La Safrane Biturbo existe en deux finitions: RXE et Baccara.  Cette dernière s'aligne sur la Baccara atmosphérique, c'est à dire qu'elle offre quasiment tout ce dont on puisse rêver à bord d'une automobile.  Depuis le dégivrage rapide du pare-brise, l'antivol, la chaîne stéréo à commandes au volant et lecteur de CD, en passant par le cuir et le bois vemi, la climatisation et le téléphone mains libres ! Les sièges sont électriques, ceux de l'avant sont chauffants et ils possèdent six sacs gonflables.  Impossible d'avoir mal au dos ou alors il faut le faire exprès.  Le coffre contient une housse à vêtements en cuir, sous la tablette cachebagages.  En revanche, grosse lacune - surtout pour le marché d'outre-Rhin - il n'y a qu'un seul airbag en série !

   En un mot, la Safrane Biturbo est une française bigrement enthousiasmante, comme on n'en avait pas vu depuis longtemps.  Ses qualités routières sont tout bonnement exceptionnelles et son confort, son équipement, sont de très très haut niveau.  Que lui manquet-il donc pour atteindre la perfection ? Ma foi, peut-être un vrai moteur moderne, digne de ses ambitions !..